Une grande dame vient de nous quitter

Moi qui aime jongler avec les mots, voilà que les touches de mon clavier ont du mal à traduire ma pensée.  Finalement, c'est normal; ce qui m'envahit, en cet instant, c'est le vide, un vide immense, proportionnel à la place que cette dame prenait dans la vie de tous ceux qui l'ont côtoyée.  Et s'il suffit de construire avec des mots des émotions, des sentiments, une page blanche ne peut, quant à elle, traduire le néant.

Cette dame m'a fait cadeau de l'amour de la musique.  Elle a guidé mes premiers pas sur des portées, les a rythmés dans une certaine mesure.  Puis, au fil des chants, elle m'a suivi alors que je grandissais et a teinté de ses dièses et ses bémols les hauts et les bas de ma vie.

Comment décrire Soeur Marie-Ange?  Eh bien, c'est tout le contraire d'une contemplative.  Soeur Marie-Ange n'était pas douceur et retenue.  C'était plutôt un buldozer d'amour et d'enlacements apnéiques qui en a surpris, voire effrayé plus d'un...  Soeur Marie-Ange, c'était du "100%", du "non coupé".  Et pourtant, elle réussissait à trouver avec une finesse incomparable ce que chacun recelait de meilleur en lui.

Soeur Marie-Ange, c'était une toile de fond dans ma vie.  J'ai cru qu'elle serait toujours là.  Et voilà que cet océan d'amour fait place à une mer de larmes.  Comme si celles-ci allaient pouvoir combler le trou qu'elle laisse derrière elle...vaine illusion!

J'ai beaucoup de souvenirs avec Soeur Marie-Ange.  Et pourtant, pas un seul qui me la laisse paraître pessimiste ou perdue.  Non, le verre est toujours à moitié plein, le regard est tourné vers les jours meilleurs et le soleil reparaît après l'orage.  Alors, il me semble que le plus bel hommage que je puisse lui faire, c'est de suivre son exemple.

Soeur Marie-Ange, nous comblerons ce vide.  Pas avec nos larmes, ça ne fonctionnerait pas.  Mais avec chaque petit souvenir que vous avez laissé dans le coeur de ceux qui vous ont aimé.